Le compte à rebours a débuté. Décalée d’un an seulement, l’entrée en vigueur du prélèvement à la source se fera donc au 1er janvier 2019. Mais c’est dès maintenant que vous en découvrez les contours. Depuis avril, à l’issue de votre déclaration de revenus 2017, le site Internet du fisc vous indiquera en effet le taux de retenue qui s’appliquera l’an prochain à vos ressources, qu’il s’agisse du salaire versé par votre employeur, des pensions de votre caisse de retraite, de vos indemnités de chômage, ou, via un prélèvement automatique sur votre compte bancaire, des bénéfices que vous vous versez en tant qu’indépendant, comme des revenus fonciers issus de votre patrimoine immobilier. Quant aux mécanismes de la mensualisation, adoptée par 59% des assujettis, et du tiers provisionnel, ils seront, eux, abrogés fin 2018.

À en croire Bercy, cette réforme ne présente bien sûr que des avantages pour le contribuable. L’impôt devenant contemporain des revenus, fini d’abord le décalage incompressible d’un an qui amenait souvent à trop verser au fisc. Ce n’est pas tout : afin d’éviter une double imposition des ménages l’an prochain, 2018 a été décrétée "année blanche". Si vous devrez quand même, en 2019, établir une déclaration au titre de cette année, l’impôt en rapport sera, lui, aussitôt annulé par un "crédit d’impôt modernisation du recouvrement" (le CIMR). Mine de rien, voilà un "cadeau" à quelque 70 milliards d’euros ! Par contre, ce que Bercy ne dit pas, c’est que son mécanisme est redoutablement complexe. C’est ainsi qu’il n’existera pas un, mais trois taux de prélèvement entre lesquels choisir. Le "taux personnalisé", calculé sur l’ensemble des ressources d’un même foyer fiscal, et envoyé par défaut au collecteur. Le "taux neutre", basé sur votre seul salaire, mais ne tenant compte d’aucune part de quotient familial. Sans oublier, pour les couples, le "taux individualisé", essentiellement calé sur votre salaire, mais pour lequel les parts de quotient sont, cette fois, divisées en deux.